Page du 27 janvier 2022 jour indécis...

- Dieu merci, je suis athée, allez… santé !… -  "Athée sans t ? Eh bien athée souhaits quand même !" a cru bon d’ajouter mon voisin de comptoir en levant son verre… Il est peut-être croyant, mais si son Dieu a fait de moi un athée, qui suis-je pour remettre en cause son choix ? Un jour athée, le lendemain agnostique, le surlendemain indécis… en fait, ma seule constance est le changement : je ne suis sûr de rien. Ballotté entre le pour et le contre, je suis une démocratie à moi tout seul, fidèle à un ensemble politique et social, mais qui ne cesse de le remettre en cause. De toute façon, je ne suis d’accord avec rien surtout quand on m’accorde que j’ai raison. Dans l’incertitude, trouver l'harmonie ou l'équilibre est le plus important : accorder à chaque penchant son importance, mais ne pas en devenir l'esclave en faisant jouer le balancier, c'est pratiquer la mesure pour éviter la démesure. Du coup, je m’oblige à ne dire que rarement "oui" et bien plus souvent "non", et si je peux me taire, c’est mieux encore, j’ai moins de chance de me tromper. Allez donc jouer sans moi !… Si l’être humain est un antagonisme vivant, je m’efforce d’être plus humain que la moyenne.

Personne n’a à nous demander l’impossible et d’être parfaits : s’efforcer d’être tout bêtement humain, c’est-à-dire contradictoire, inconstants et absurde, c’est déjà beaucoup demander. Nous sommes humains et parfois trop humains et moutonniers pour être libres d’esprit… J’ai toujours pensé que la constance était la marque des petits esprits, et depuis toujours, je "constâtonne" en patinant dans la semoule. Si, avec le temps, je suis devenu de nature plutôt fidèle, avec une femme (- enfin jusqu’à un certain point, faut pas pousser !), une fifille, un métier, une maison, "copiniâtre" avec mes amis, je peux affirmer, sans me tromper, que je n’ai aucun devoir de fidélité envers moi-même, ni avec tous les colocataires et autres concitoyens qui sont en moi.

(Illustration pas Maria Svarbova)