Page du 6 mars 2022 jour de messe à la télé...

La télé reste allumée dans la grisaille pluvieuse d’un dimanche d’hiver. Si je regardais ces taches colorées tout au long de la journée, je pourrais m’abrutir avec les trois drogues qui s’y succèdent au pays de la laïcité : l’office religieux qui partage le corps du Christ, le sport assimilé au showbiz et les documentaires scientifiques…  Les trois n’ont pas la même toxicité mais utilisent les mêmes leviers… Puisque nous sommes dimanche matin, vous aurez droit pour commencer à la plus dure des drogues, la religion addictive, impérieuse et si prétentieuse : je suis important puisque Dieu m’écoute quand je m’adresse à lui, il va me sauver du malheur en dépit des lois des statistiques ou de la physique… je suis si important à ses yeux… Il me propose un monde merveilleux dans l’au-delà, une lumière dans le noir désespoir. Le paradis est fait pour moi et moi pour lui : je m'identifie à quelque chose de plus grand que moi.

Après "Mon Dieu le père est plus fort que le tien" tu auras droit au "Je suis plus heureux que toi!". L’abrutissement accompagne la dépossession de soi et l'infantilisme est récupéré à des fins de contrôle en culpabilisant, en manipulant. On va te dire ce que tu dois penser et pour qui tu dois voter. C’est la matrice de tous les vices… On veut bien admettre du bout des lèvres que tu puisses connaitre le bonheur sans croire en Dieu, mais tu serais d’évidence bien plus heureux en y croyant et tu ne pourras en être convaincu qu’en faisant l'expérience de cette joie mystique.... On serait prêt à te bricoler un bonheuromètre pour t’en persuader.

Le croyant va trouver un Père, une Mère, des frères et des sœurs, une grande famille qui peut s'élargir exceptionnellement à toute une nation avec sa mythologie et son Histoire fondatrice qui l’acceptera et le rassurera. Dieu est une drogue dure, l’addiction est sévère. Le soumis n'a plus le choix : il ne se possède plus et n'est plus libre, il ne lui est plus indifférent de se droguer ou non. Sans drogue il souffre, avec drogue, il se sent tout au plus "normal". Il est bien connu que le drogué dépendant ne se drogue plus pour s'envoyer en l’air, il se drogue parce qu'il éprouve une souffrance, celle du manque en cas de pénurie, et il fera tout pour la diminuer. Les histoires de drogue et de religion finissent mal en général même si avec l'âge leur vient souvent un peu plus de tolérance contre leur gré : quand Vatican 2 a ouvert l’Eglise, les gens sont sortis. Mais faut-il accepter qu’on en rajoute de nouvelles pour autant ? Après l’office religieux, votre écran vous proposera de vous évader par le sport, du rire et des paillettes, et des documentaires sur les animaux ou les secrets de l’univers. Mais c’est une autre histoire… on en reparlera un de ces jours.