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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 25 juin 2022, jour sans mensonge...

Denis Vallier

Nous avons une femme Premier Ministre, mais elle ne vous fait pas flipper cette Élisabeth Borne qui sourit quand elle se brûle ?… Nous nous méfions, sans doute à juste titre, des technocrates quand il leur prend l’idée de nous gouverner : si ces esprits ultra-rationnels savent gérer une situation, ils manquent de vision et sont capables de nous mentir froidement au nom de l’efficacité. Même sans eux, nous sommes habitués à ce que l’on nous mente depuis toujours sur le fond en affichant clarté et transparence dans la forme et les plus méfiants d’entre nous se construisent un périmètre de sécurité pour s’en défendre. Mais ma croyance dans le progrès et mon optimisme béat  et dangereux frôlant l’inconséquence, présupposent que cette barrière pourra tomber et à terme, nous nous dirigerions alors vers une pensée unique rationnelle … ben oui, forcément : il n’y a pas deux façons d’être rationnel. Mais heureusement, il nous faudra du temps… beaucoup de temps. La rationalité implique nécessairement la pensée unique comme l’avaient envisagé Huxley, Orwell ou Bradbury.

Ainsi, plus les gens deviendraient rationnels, instruits et intelligents, plus ils penseraient la même chose sur divers sujets. Fin des querelles et des guerres, fin de l’Histoire et des haricots. La Terre, stupéfaite, s’arrêterait de tourner. Et d’un autre côté, si on ne réussit pas à rendre la masse plus intelligente et cultivée, on peut  l’abrutir un peu plus chaque jour en réduisant son vocabulaire et en limitant son information. C’est malheureusement tout à fait envisageable à notre époque de village global et de progrès technologiques dans le contrôle des populations : les mots vont rarement tout seuls, ils font partie d’un ensemble.

Avant même les Trump, Boris Johnson et autres Bolsonaro, mentir en niant tout mensonge a été un outil du pouvoir. Pourtant, aux Etats-Unis, le parjure est considéré comme un crime impardonnable… allez comprendre ce peuple irrationnel et écartelé, à la fois moderne et archaïque, libre et prisonnier d’intégristes religieux. S’il leur faut des preuves du mensonge pour le condamner, il devrait être possible à notre époque d’en trouver.  Quand chacun de nous parle, nos mots sont liés à la respiration, à l’expression du visage et du corps, à un état d’esprit, d’émotion, à un ressenti collectif. Tout cela est mesurable, quantifiable et quand tout est mesurable et quantifiable, qu’est-ce qui nous empêcherait d’établir des algorithmes capables de nous dire immanquablement si quelqu’un ment ou dit la vérité ? Si de tels algorithmes étaient mis sur le marché, tout mensonge public en direct pourrait être signalé par une lumière rouge et deviendrait impossible… la sphère politique s’effondrerait. Imaginons l’impossible… que deviendraient un monde public et notre classe politique sans aucun mensonge ?… Fort heureusement, nous en sommes très loin : la limite des algorithmes, c’est qu’ils ne connaîtront jamais notre inconscient et notre poésie et cela dépasse nos capacités car le bon fonctionnement de nos sociétés dépendra encore longtemps de notre capacité à mentir : il y a les bons mensonges de son bord et les horribles mensonges de l’autre bord. C’est ainsi… et les naïfs intégristes de mon genre qui voudraient remettre ça en cause ne surnageraient pas longtemps dans la sphère publique.

(Dessin de Dan Piraro)

(Dessin de Dan Piraro)

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