Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 16 mars 2023, jour malodorant...

Denis Vallier
Page du 16 mars 2023, jour malodorant...

Le printemps pointe ses premiers bourgeons, les deux trois oiseaux qui restent commencent à chanter en boulottant les derniers insectes, mais il y a comme une odeur désagréable dans l’air, ça ne sent pas la rose. Êtes-vous déjà passés par Feyzin ? Entre les raffineries de pétrole, les centrales au charbon, les bombes, la corruption, les gaz lacrymogènes, les poubelles, Hanouna et les rubriques nécrologiques, l’air pue la merde et la charogne. Le monde sent mauvais mais, malgré tout, le gars qui a inventé le déodorant était du genre à ne pas baisser les bras… un peu comme Jésus qui a changé l’eau en vain ou comme ces charognards en cravate et col blanc qui tournoient sans fin, ailes écartées, indifférents aux mauvaises odeurs et qui aimeraient pouvoir faire de l’or avec leur propre merde. Il faut dire que c’est une matière première inépuisable… au départ, bien avant l’Âge de Bronze quand l’homme a commencé chaque matinée par couler une sculpture, les premières formes de vies multicellulaires se sont organisées rationnellement en tubes avec une entrée et une sortie. Depuis, nous avons rajouté un grand nombre d’options au modèle de base, mais le tube est toujours là, bien au centre de nos préoccupations. Nous aurons beau faire des poèmes sublimes et dessiner des chefs-d’œuvre sur nos parois, notre structure initiale est toujours aussi grotesque.

Quand on subit l’actualité dans nos contrées développées, on se rend compte aisément que s’enfermer dans un isoloir ou des toilettes produit à peu près le même résultat, mais comme on commence à craindre les sécheresses, les eaux usées seront de plus en plus retraitées avant 64 ans et on trouvera bien une utilité aux résidus : c’est devenu rentable, par contre… on peut toujours se torcher avec nos bulletins de vote ! Mais ailleurs dans le monde, quel gaspillage ! Les vautours qui tournoient toujours ont déjà calculé très sérieusement que les excréments des trois milliards d’êtres humains dépourvus d’assainissement pourraient rapporter entre six et sept-cents millions de dollars par an sous forme de boues séchées et de méthane au lieu de les laisser se perdre dans la nature… Effectivement, quel gâchis ! N’ayez crainte, vous verrez que quand la merde vaudra trois centimes le kilo, le cul des pauvres sera privatisé.

Malheureusement, comme pour le pétrole ou les ressources minières, la répartition de cette matière première disponible est géographiquement très inégale mais dans cette affaire, l’Inde pourrait devenir leader mondial : elle possède plus de temples que de toilettes publiques et est assise sans le savoir sur une mine d’or à ciel ouvert… attendez quand elle s’en rendra compte ! En plus de rapporter des roupies, la collecte sera saluée comme une action de salubrité publique : des centaines de millions de personnes qui font leurs besoins à l’air libre quotidiennement, ça pue jusqu’à chez nous, ça pollue méchamment l’atmosphère et les nappes phréatiques et, au passage, ça tue nombre d’enfants et de personnes affaiblies même si dans ce pays fataliste, ce n’est pas un drame : le principal problème de l’Inde étant sa démographie galopante, les hommes d’affaires ne sont pas à quelques cadavres près… À première vue, valoriser sa merde, paraît grotesque même si on patauge dedans et il n’y a pas à en étaler des couches comme je le fais ici,  je l’admets volontiers… mais je préfère rire de ma scatologie : le rire et le grotesque écartent l’odeur de la mort trop proche…

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires