Page du 19 mars 2023, jour à l'école...

Pour ou contre le port de l'uniforme à l'école classée X ?

Le progrès se fait petit à petit par la résolution de problèmes divers qui nous tombent dessus au quotidien ou à plus grande échelle. Toujours est-il que si nous sommes plusieurs à éprouver les mêmes difficultés répertoriées, il y a là un problème à résoudre et donc des innovations possibles et chacun peut apporter sa contribution. Les novateurs qui trouvent une solution utile à de nombreuses personnes méritent l’argent qu’ils en tireront et notre reconnaissance éternelle... il n’y a rien à en redire. Le génie qui semble venir de nulle part est souvent le fruit d’un long travail et de multiples observations et on peut croiser des autodidactes qui ne peuvent accuser personne d’autre qu’eux-mêmes de leurs erreurs. Mais une belle idée n’a d’intérêt que si elle est mise en pratique et ce sont souvent des petits malins profiteurs qui le font. Ceux-ci méritent beaucoup moins notre considération même s’ils sont souvent formés par nos "Grandes Écoles", cette spécificité bien française, ces merveilleux moules à penser comme il faut. Nos meilleurs élèves, les plus sages et consciencieux, ceux qui se sont les mieux intégrés à notre système scolaire sclérosé et en ont gentiment subit les contraintes, intègrent les Grandes Écoles et se partagent les places juteuses quand ils en sortent. En général, ce sont des gens de qualité…

J’admets volontiers que si généralement, la généralisation réductrice simplifie la complexité quand on est un peu demeuré, je ne m’en prive pas... J’ai donc observé qu’en général, les gens de qualité ne travaillent pas : ils se divertissent dans leurs activités de bureaux. Ils méprisent vacances et retraite et traversent le temps de leur vie au pas de course et téléphone à la main. On leur a intubé des fournées de principes, trucs et astuces prédigérés, dont on les persuade que ce sont là les outils incontournables pour leur "Réussite dans la Vie", divinité à laquelle ils doivent faire leurs dévotions... Leur vie au-dessus du panier se définit assez simplement : Gros Titre, Gros Salaire, Grosse Bagnole... en fait, ils sont programmés et font penser aux robots d'Asimov. Prenons l’exemple de la formation des polytechniciens (- formation prestigieuse s’il en est) qui, en principe, prépare nos grosses têtes aux plus prestigieuses fonctions du domaine de l'ingénierie. Or, une proportion non négligeable d'élèves aboutit dans les domaines de la banque et des assurances... Quel est le rapport ? On a donc là une formation gaspillée qui représente un gros effort pour la société, dont les finalités (- ingénierie polyvalente) s'avèrent caduques, et de pseudo-compétences professionnelles (- banques et assurances) qu'apparemment, il n'est nul besoin d'acquérir pour pouvoir les exercer...

Les Grandes Écoles fournissent également un carnet d’adresse prestigieux qui facilitera considérablement l’existence ainsi qu’un vernis culturel pour que dans les dîners en ville, ils ne se montrent pas tels qu’ils sont : froids, calculateurs, cyniques et opportunistes... Elles leur apprennent aussi la distance… Distance avec la réalité, d'abord : il ne faut pas trop fréquenter la réalité, cela risquerait de les amener à se poser des questions. Distance avec les autres ensuite : il faut bien marquer la limite qui les sépare eux et ceux de leur caste, du reste du troupeau. Distance enfin avec les sentiments : les seuls sentiments acceptables sont ceux qui débouchent sur une rentabilité accrue. Et tout cela constitue la magnifique éducation de nos Grands Prédateurs… Fascinant, non ? … Il va de soi que le beau Léandre classé X, mon cousin normalien Michel ainsi que mes amis et connaissances qui sont sortis de l’école par la grande porte, font tous partie de ces fameuses exceptions qui confirment la règle…